"J'ai toujours tout fait pour votre bonheur et votre réussite"
- Juliette FARION
- 13 mars 2016
- 5 min de lecture
En cette semaine à l'honneur des femmes, je souhaitais vous parlez d'une femme très importante pour moi, ma maman. Cette une femme forte, moderne qui a su me transmettre des valeurs qui font que je suis une femme moi aussi. J'ai voulu par quelques questions vous parler de son parcours en tant que femme, de sa vie, mais aussi des évolutions qu'elle a connu. Ma maman a 50 ans, c'est une femme divorcée, mère de trois enfants, un garçon et deux filles. Elle a su nous transmettre l'importance d'être fière de soi, de s'assumer en tant que femme. J'ai eu la chance d'avoir une mère qui m'a suivi dans tous mes choix, et qui les a respecté. Par cet article, je souhaite vous présenter cette femme, et mère que j'aime tant mais aussi l'expérience de ma grand-mère qui est tout à fait différente.
Son parcours scolaire
« Dans mes années collèges, l'EMT, éducation manuelle et technique nous était enseignée. Cette matière étant obligatoire, je ne me suis pas posée la question si cela me correspondait. Cet enseignement nous formait aux bases de la cuisine, de la couture, du macramé, du cartonnage...Les garçons quant à eux, ont eu droit aux activités bois, métal, électricité...
Je me souviens d'avoir eue une professeure féminine très engagée et professionnelle. C'était des temps de travail agréables et surtout récréatifs, avec le recul certaines choses et valeurs m'ont servie et me sont restées en mémoire. J'ai aimé à l'époque le côté artistique et créatif de cette matière.
Je sais qu'il y avait d'autre classe spécialisées pour les filles en difficulté scolaire. On les préparait à un enseignement ménager si je peux le formuler ainsi, il y avait des cours de cuisine, de couture, de l'art de recevoir, de se tenir à table, de gérer un budget.... Pour ma part ayant eue un cursus normal, cet enseignement occupait 2h de notre emploi du temps.
A l'époque de ma mère, elle n'a pas eu le choix de continuer après son certificat d'étude primaire, elle aurait du continuer à travailler avec ses parents à la ferme, mais sa santé étant fragile elle est devenue couturière. Les jeunes femmes n'avaient aucun droit de parole sur leur avenir. »
« J'ai pu faire mes études dans le secondaire ce qui m'a permis d'avoir d'autres horizons. J'avais également trouvé un job le week-end. Ainsi j'ai pu aider mes parents à financer mes études, et obtenir mon permis de conduire. Les rapports avec eux ont changé à ce moment-là. Je pouvais m' « opposer » à certaines règles et faire évoluer mon statut de fille. J'ai voulu prouver à ma mère qu'elle pouvait me faire confiance. Ma sœur n'a pas eu cette chance, en plus étant l’aînée elle avait à charge de nous surveiller et d'effectuer des tâches ménagères.
J'ai toujours entendu ma mère dire qu'elle n'a jamais travaillé et que c'était son mari qui l'entretenait, qu'elle avait eu de la chance car il était gentil et attentionné. Ce qui n'était pas le cas pour toute les femmes qui se retrouvaient soumises.
Mais je me rend compte que derrière sa sévérité c'est une femme fragile, qui s'interdisait de penser, de dire ce qu'elle ressentait, de proclamer ses convictions. Ma mère a eu quatre enfants et vivait dans une maison sans confort du moins jusqu'aux années 70, lorsque nous avons eu une machine à laver pour la première fois. La femme dans le milieu rural avaient une vie rude où l'affectif avec les enfants était en second plan. »
Ses rapports avec sa mère
« Ma mère m'a eu à 40 ans, je suis la dernière de la fratrie de 4 enfants. L'écart entre moi et mon aînée est de 12 ans, huit et trois ans avec mes frères. J'ai été sans doute la « chouchoute » de la famille vis à vis des corvées à effectuer. Ma sœur a le plus souffert de l'éducation stricte de nos parents. Ma mère était très sévère, il n'y avait pas de dialogue possible. Les grands parents avaient un rôle éducatif sur les petits enfants, et les parents s'y soumettaient. Pour moi avec 12 ans d'écart se fut moins problématique, les grands parents étant pour la majorité décédés. Les enfants se devaient d'obéir. Je n'ai jamais eu trop le droit de sortir avant mes 18 ans contrairement à mes frères pour lesquels cela ne posait pas de problème. Pour l'éducation de mes enfants, je n'ai pas voulu reproduire le modèle de mes parents. Même si le rôle de parents est difficile j'ai essayé d'instaurer du dialogue, et de la compréhension. J'ai voulu vous procurer une écoute, afin de vous accompagner et de vous épauler au mieux dans vos choix. J'ai toujours voulu tout faire pour votre réussite et votre bonheur. »
Que penses-tu des progrès au niveau des lois qui ont été attribué aux femmes ?
« L'avortement est une loi importante. Avoir le droit de choisir de ne pas être mère représente une avancée pour ces femmes qui n'ont pas choisi d'être enceinte. C'est un choix toujours douloureux psychologiquement, qui marque quoi qu'il en soit.
Quand au divorce avec consentement mutuel, la femme a le droit de demander la séparation et se retrouve en position d'égalité avec les hommes. Ce qui a du être un soulagement pour des femmes travaillant ou non pour pouvoir prendre leur indépendance peut-être plus facilement face à des maris brutaux ou pour d'autres raisons. »
Qu'est ce qu'être une femme ?
« Une femme doit garder ses convictions, faire valoir ses droits, être battante, se respecter et se faire respecter, et doit rester fière de notre capacité à être multi-tâche ! Personnellement je me sens femme par mes enfants, et par le fait que je sois autonome financièrement.
En tant que femme je n'ai jamais subi d'injures sexistes, quelques boutades parfois...Quant aux violences verbales ou morales, je n'en ai pas reçu, mon caractère fait que je ne me laisse pas faire en règle générale.
Ma plus grande fierté de femme reste mes trois enfants, mes deux filles devenues femme à leur tour me comblent d'admiration. Ce sont de vraies battantes qui mènent leur vie avec brio et qui à leur tour me montre qu'elles ont mieux réussies que moi. »
Je tiens à remercier ma maman pour avoir accepté de répondre à mes questions. Je voudrais réagir à la dernière phrase qu'elle a mis : « qui à leur tour me montre qu'elles ont mieux réussies que moi. »
Maman tu n'as pas à te sentir inférieure à tes filles, tu as toi aussi réussi dans ta vie, et soit en fière. Nous n'avons pas eu les mêmes parcours certes, mais soit fière de toi pour ce que tu es, et ne te sous estime pas.

Au mileu il y a Nadine, la mère de Juliette, à gauche sa soeur Amandine, à droite son frère Adrien
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