J'aime le violet

Aujourd'hui, j'ai décidé de vous présenter quelqu'un qui compte beaucoup pour moi. C'est une amie qui est arrivée sur mon chemin un peu au hasard de la vie. Elle a décidé de rester anonyme pour partager avec vous un témoignage de son expérience en tant que femme.

J'ai beaucoup de respect pour elle car elle a toujours su rester fière même après tout ce qu'elle a pu vivre depuis le début de son adolescence au niveau médical, juste du fait qu'elle soit née fille. Malgré ça elle ne baisse pas les bras, on arrive à parler librement ensemble de tout ça, sans gêne ni tabou et ça fait du bien.

Toujours prête à surprendre

Elle m'étonne tous les jours avec ses connaissances sur la fiscalité par exemple ou bien les différentes étapes de son « défi énergétique » qu'elle organise au sein de sa famille pour faire du bien à la planète. Je la trouve belle, spontanée et forte à la fois. C'est tellement le genre de rencontre qui m'inspire au quotidien et qui me donne des raisons de me lever, de me battre, de faire entendre nos voix et briser ces foutus tabous sur les femmes !

Je crois que je ne vais pas vous faire plus attendre. Je vous laisse lire ces quelques lignes qu'elle a pris la peine de rédiger pour vos beaux yeux.

"Je n'aurais en aucun cas voulu être un homme"

« Je m'appelle Amelia (prénom modifié), je suis une jeune femme et lycéenne de 17 ans, je fais partie d'une famille recomposée ce qui me donne la chance d'avoir trois frères et autant de sœurs mais c'est un peu compliqué. Tout d'abord mon beau père a deux filles de son premier mariage. Mais ensuite, je comprend aussi la famille de ma belle mère qui est la femme avec laquelle mon vrai père s'est marié après sa séparation avec ma mère. Elle a eu une fille et deux fils avec lui. Et enfin, j'ai mon petit frère qui est née de la rencontre de ma mère et mon beau père, il a 5 ans aujourd'hui. Je parle de "la famille de ma belle mère" car elle n'est plus en relation avec mon père à l'heure actuelle, ils ont dû se quitter à cause des mêmes motifs que ceux pour lesquels ma mère a dû partir : instabilité, alcoolisme et violences.

Aujourd'hui je ne vois plus mon père, à vrai dire je n'ai même pas idée d'où est-ce qu'il se trouve et je n'ai aucune nouvelle.

J'arrive quand même à relativiser car mon beau-père a toujours été présent pour moi, si j'ai envie de parler de mon père par exemple, c'est directement vers lui que je vais me tourner.

Je pense que j'ai de la chance car ma mère et ma belle mère se sont toujours bien entendues et ont toujours su faire les efforts nécessaires pour que je puisse voir mes frères et ma sœur.

Même si cela n'est pas toujours facile j'aime jongler entre ces différentes familles et avec le temps, on forme tous une grande et même famille.

On peut dire que je suis assez discrète dans tout ça. En fait, je suis aussi réservée dans la vie de tous les jours, je n'aime pas attirer l'attention et je préfère rester dans l'ombre. Ce qui complique un peu ma scolarité par moment. Mais je sens que depuis ces deux dernières années je me libère du regard des autres et désormais je crois que je n'ai plus peur de montrer qui je suis. Du collège au lycée, les gens mûrissent et moi y comprise, je pense qu'il y a plus de tolérance, j'arrive à m'affirmer car il y a moins de jugement. Malgré cela je ne me connais pas encore assez pour imaginer qui je serais plus tard. Pour l'instant je cherche à avancer et à contrôler le présent. Je n'ai jamais vraiment réfléchi à ce que je désire le plus dans ma vie mais je sais que je n'aurais en aucun cas voulu être un homme, je n'y ai jamais pensé ni ressenti le besoin.

Aujourd'hui on sait qu'être une femme crée des difficultés dans le travail, de l'insécurité dans la rue, de l'autocensure dans la scolarité... mais c'est pour moi l'occasion d'atteindre des buts, de me prouver que je suis capable en sachant que cela est plus difficile !

Mes problèmes hormonaux me rappellent chaque jour que physiquement les hommes et les femmes ne sont pas si différents.

Je suis touchée par le syndrome des ovaires micropolykystiques, c'est-à-dire que mes ovaires produisent de la testostérone au lieu d'hormones féminines cela explique le fait que je sois sujette à une pilosité assez développée, j'ai mes règles seulement une ou deux fois par an et ça accentue mon acné.

Depuis que je sais que certains de mes traits et de mes caractéristiques physiques ne sont pas « normales » j'ai plus de mal à les accepter.

Au delà de ce que ces problèmes médicaux pourraient entraîner dans ma vie future, c'est-à-dire la difficulté à avoir des enfants, je me concentre sur le présent et essaie d'entreprendre tout ce que je souhaite pour ne pas avoir de regret, de ce fait j'essaie de ne prendre aucune décision à la légère. Ce dont je suis sûre, c'est le présent.

Je n'ai pas de conseil particulier à donner aux femmes qui partagent mon cas car je pense qu'il n'y a aucune philosophie miracle et que la réponse est en chacune de nous, il faut juste prendre le temps de la trouver.

Je partagerais quand même à toutes les femmes un conseil qui m'a été utile : réfléchi à ce que tu laisses paraître de toi et qui tu es réellement. »